Laurent Gerra : "On me dit passéiste, réac : je n'en ai rien à faire"

©Julien Reynaud/APS-Medias, Abaca - Laurent Gerra assiste au Festival Lumière à Lyon, en octobre 2015.
Laurent Gerra a sorti en octobre 2015 un recueil de mémoires baptisé Cette année, les pommes sont rouges, un hommage à son grand-père, Georges Gerra qui l'a poussé à se plonger dans l'histoire de sa famille à l'époque de la Résistance. Aujourd'hui, l'humoriste ne cache pas préférer le passé au présent. C'est notamment sur ce point qu'il revient dans un long entretien accordé au journal Le Monde, le 14 février dernier, en marge de sa tournée française avec le grand orchestre de Frédéric Manoukian.
Imitateur des plus talentueux, Laurent Gerra n'échappe pas aux critiques et aux étiquettes. À ce titre, en novembre dernier, dans l'émission Les Grandes Gueules sur RMC, la chroniqueuse Marie-Anne Soubré le caractérisait de "conservateur" et de "réac". "Conservateur, réac... Ce sont les journalistes qui disent ça, pas le public", confiait alors l'humoriste avant de préciser avoir "un public de tout bord".
Dans les colonnes du journal Le Monde, il revient sur ces qualificatifs qui lui collent à la peau et affirme être en effet quelque peu nostalgique. "C'est par goût, dit-il. Je suis très curieux de nature mais je trouve qu'il y a des choses plus intéressantes dans le passé qu'aujourd'hui ; et je l'assume". Et de poursuivre : "On me dit passéiste, réac : je n'en ai rien à faire, je suis comme je suis. C'est vrai que j'ai plus de plaisir à réécouter Brassens qu'à me forcer à écouter Grand Corps Malade ...".
Un passé qu'il cultive au quotidien, même dans son métier. "J'ai un orchestre avec moi sur scène parce qu'avant, tous les humoristes en avaient un. Bourvil, Fernandel ... Ils faisaient du café-concert ou du music-hall. C'est cela mon inspiration", précise-t-il avant d'ajouter : "C'est pour cela que j'ai de la mémoire, parce que je sais où sont les choses. Les choses actuelles m'intéressent moins".
Également interrogé sur ses propos lus dans Le Point en octobre dernier ("Je ne suis pas de mon époque mais je ne m'y sens pas trop mal"), Laurent Gerra tient à apporter quelques précisions. "On ne crée plus vraiment l'événement parce qu'on passe vite à autre chose, on ne s'attache plus aux choses. Il y a une pauvreté du vocabulaire qui m'effraie, déplore l'imitateur avant de confier ne pas comprendre l'attrait pour les réseaux sociaux : "Ce temps perdu (...) à partager des photos de bouffe, à donner un avis sur tout et n'importe quoi... C'est insupportable. Ça doit être déprimant d'être sur ces trucs-là. Je n'ai toujours pas d'ordinateur. J'ai juste une tablette que j'utilise de temps en temps", conclut-il. En tout cas, Laurent Gerra, reste, lui, toujours d'actualité.
publié le 16 février, Fabien Gallet