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Alain Bernard sur le drame de Drop­ped : "J'au­rais préféré que ce soit moi"

©Abaca - Alain Bernard

Près de neuf mois après le tragique accident d'hélicoptères qui a coûté la vie à dix individus pendant le tournage de l'émission Dropped, qui devait être diffusée cet été sur TF1, la douleur reste toujours aussi intense. En effet, le 3 avril 2015, le sport français était endeuillé par la disparitions de plusieurs sportifs de haut niveau en Argentine : Camille Muffat, Florence Arthaud et Alexis Vastine. Alors qu'il y a quelques jours, était dévoilé un rapport d'enquête soulignant des manquements à la sécurité, Alain Bernard, retraité des bassins depuis les JO de Londres en 2012, qui participait lui-même à l'aventure, s'est confié dans les pages du journal L'Equipe.

Certains disent que la mort est toujours plus difficile pour ceux qui restent. Alain Bernard, proche de Camille Muffat serait de ceux-là. Sa vie a considérablement changé et le nageur en est conscient, ce drame ne le quittera jamais. En effet, les images restent gravées dans son esprit. "J'ai vu les lieux, les deux hélicoptères qui se sont crashés. L'un était sur un terrain vague et celui avec les sportifs dans un bosquet. Ma chance aura été que les personnes que je connaissais le mieux étaient comme cachées", explique-t-il à L'Equipe.

Pire, l'ex-champion de natation culpabilise. "Je m'en suis voulu, confie-t-il. Pourquoi eux, pourquoi comme ça, pourquoi pas moi ? Par moment, j'au­rais préféré que ce soit moi.. C'est tellement douloureux. Mais je suis assez fataliste, et je porterai ça jusqu'à mon dernier souffle". Difficile donc de ne pas ressasser. Mais Alain Bernard s'efforce de positiver tant bien que mal. "Le seul truc qui peut réconforter, c'est que ça s'est passé extrêmement vite (...). Tu te dis qu'ils n'ont pas eu le temps de souffrir".

Son seul regret : ne pas avoir rencontré les familles des disparus : "J'ai l'impression d'avoir un rôle particulier que j'assume mal. Je n'ai pas eu le courage et le tact d'aller vers certaines personnes. (...) Je l'ai fait pour Camille parce qu'elle était proche de moi", précise-t-il avant d'ajouter : "Je voudrais dire qu'ils étaient heureux. On était tous là-bas pour vivre une aventure extraordinaire. On vivait de notre passion, et la meilleure façon de leur rendre hommage, c'est de continuer à vivre de ce qu'on aime." Et de poursuivre : "Il faut se battre, surentraîner, sourire, boire un verre. Vivre !".

publié le 3 janvier, Fabien Gallet

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