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Regret d'être mère, pourquoi est-ce si mal perçu ?

  • ©Pixel-Shot, Adobe Stock - Le regret d'être mère, pourquoi est-ce tabou ?
  • ©fizkes, Adobe Stock - Pourquoi faut-il aimer être mère ?

Loin des récits magnifiés d'une maternité sans ambivalence, de plus en plus de femmes prennent la parole pour raconter leur vécu depuis qu'elles sont mères. Leurs retours ? Non, tout n'est pas toujours idyllique et c'est important de le dire. Alors, pourquoi ces regrets sont-ils si souvent mal perçus ?

Grossesse, accouchement, maternité... (Presque) toutes ces étapes se vivent par les mères et pourtant, aucune ne se ressemble. En 2022, encore, la société a du mal à écouter celles qui témoignent du regret d'être mère, sentiment pourtant aussi légitime qu'un autre dans le tourbillon de la vie. Alors, pourquoi est-ce si mal perçu de regretter d'être mère ?

Parce que la société voit la maternité comme une étape "obligatoire"

Si les hommes peuvent affirmer ne pas subir cette pression, on attend des femmes, autour de la trentaine si possible ("Avant c'est trop tôt", "Après c'est trop tard"), d'avoir leur premier enfant. Donner la vie devrait être le but de chaque femme, notamment parce qu'il faudrait, comme à la fin de chaque conte de fées, avoir "beaucoup d'enfants". Pourtant, la maternité n'a rien d'un but en soi pour de plus en plus de femmes qui se sentent au contraire piégées par ce projet à accomplir. La société, l'entourage, tout le monde attend des femmes qu'elles "créent la vie" pour accomplir la leur, menant à des femmes ayant des enfants "parce que c'est comme ça" ou qui deviennent mères et découvrent que tout n'est pas aussi rose qu'on leur dit.

Parce qu'on soupçonne ces femmes de ne pas aimer leurs enfants

Alors que là n'est pas le problème. La plupart des femmes qui expriment le regret d'être mère n'en délaissent pourtant pas leurs enfants, ni ne les font manquer d'amour. Au contraire, ce sont des être humains, pourvus de sentiments contradictoires, qui aiment leurs enfants mais regrettent d'en avoir eu. Ce regret apparait notamment car la maternité apporte un grand nombre de changements (souvent passés sous silence) et que cette maternité est idéalisée alors que la réalité est bien souvent éloignée du bébé qui dort et mange sans accrocs.

Parce que la maternité est idéalisée

Les mentalités bougent, notamment grâce aux réseaux sociaux et aux femmes qui s'ouvrent sur ce mal d'être mères. Mais ces mêmes réseaux sociaux affichent aussi bien souvent des images trompeuses de la réalité d'une mère : bébé à la tenue stylée, intérieur parfait, maman perdant tous ses kilos de grossesse et allaitant sans difficultés... Alors que la réalité est toute autre pour la plupart des femmes qui voient ces photos ! Un bébé tâche régulièrement le tapis du salon, maman est fatiguée parce que l'autre parent a dû retourner travailler, l'allaitement fait mal... En 2022, il est encore tabou (et peu vendeur !) de dire que non, la maternité n'a rien d'un long fleuve tranquille alors que celle-ci est toujours sacralisée. Il faut aimer être mère, parce que cela est perçu comme un cadeau, parce que c'est soi-disant le rôle d'une vie. On attend de ces mères qu'elles se ressaisissent alors que le regret dure parfois toute une vie et qu'il est particulièrement difficile à vivre s'il doit être tu.

Parce que le patriarcat et les injonctions ont la vie dure

Dire son regret d'être mère c'est affirmer que la forme de la famille "classique" ne convient pas, c'est remettre en cause des années à penser que l'autorité vient des hommes et que les femmes n'ont pas leur mot à dire. Or, en 2022, de plus en plus de femmes expriment leur mal-être face à ce rôle de mère qui leur est réservé par la société. Non, elles ne veulent plus qu'on leur dicte ce qu'elles doivent faire ou pas ! Et cela passe par un choix réfléchi et consenti de maternité mais aussi par une envie de faire fi des injonctions à ce modèle de vie. "Tu verras, c'est que du bonheur", eh bien peut-être pas tant pour toutes et il est temps de changer la perception de celles qui l'expriment.

publié le 29 mars, Rédaction Jellyfish France

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